Mère et fille, violence éducative ordinaire - Mieux vivre sa parentalité
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Violences éducatives ordinaires : entre culpabilité et réparation

Connaissez-vous la chanson de Lynda Lemay « J’ai battu ma fille » particulièrement touchante ? C’est l’occasion pour moi d’aborder les violences éducatives ordinaires à travers ses paroles. Ce texte illustre parfaitement une situation dans laquelle une maman se sent dépassée par sa fille et agit à l’encontre de sa volonté.

D’abord, commençons par définir ce que ce sont ces violences. Selon l’organisme STOP VEO, la Violence Educative Ordinaire est ‘une violence physique, psychologique et/ou verbale qualifiée « d’éducative » parce qu’elle est utilisée pour éduquer et faire obéir l’enfant et « ordinaire » parce qu’elle est souvent quotidienne et considérée comme normale.’

Il existe, depuis le 10 juillet 2019, une loi relative aux violences éducatives ordinaires : « l’autorité parentale s’exerce sans violences physiques ou psychologiques ».

Elles sont souvent « acceptables » par le plus grand monde mais elles sont pour autant destructrices pour les tout-petits.

Une maman dépassée

« Je hurle comme une folle – Qu’elle me laisse donc tranquille – Soudain, mon bras s’envole
Jusqu’à sa peau fragile »

Le ménage, la vaisselle, le linge, le travail, les enfants… la charge mentale ne cesse d’augmenter. Nous sommes tous soumis à cette pression du quotidien. Dans la chanson, on s’aperçoit que la maman est à bout et que ses gestes l’emportent sur la raison.

Elle n’arrive plus à gérer ses émotions et laisse sa colère se transformer en violence. Sa fille n’est pas responsable de son acte, c’est juste l’élément déclencheur d’un trop plein.

La stupeur de l’enfant

« Ses yeux qui s’écarquillent – Étonnés d’ma violence – Elle me répète à mort – Que je suis pas gentille. »

« Tout d’suite, elle m’obéit – Ma foi, je lui fais peur »

La violence, quelle que soit sa forme, est dévastatrice pour l’enfant. Il reçoit un geste violent de la personne en qui il a le plus confiance. De plus, la peur ressentie ne lui permet pas d’intégrer et de comprendre le message que l’on a voulu lui faire passer.

Les récentes études sur les neurosciences mettent en évidence que cela a un impact direct sur le développement physique et psychologique des enfants. Elles se répercutent même de génération en génération. La phrase que l’on entend régulièrement : « Une fessée n’a jamais tué personne » est à bannir et est prononcé uniquement pour se déculpabiliser. Oui, l’enfant ne « meurt » pas mais les conséquences sont bien réelles sur son développement et sur son futur rôle de parent.

La culpabilité de la mère

« Moi qui couvrais de blâme – Tous ces idiots en rogne – Qui disent aimer leur femme – Et du même coup la cognent »

Elle se rend compte qu’elle était la première à juger tous ces parents « violents » mais que finalement, c’est elle qui se retrouve face à sa propre violence. Il est important de ne pas se croire à l’abri de tels gestes pour rester conscient de notre comportement face à nos enfants.

« J’attends qu’elle soit partie – Avant de fondre en pleurs – Je sais pas c’qui m’a pris – Ça s’est passé trop vite »

Ses actes ont dépassé sa volonté. C’est aussi douloureux pour elle pour que sa fille. La communication est rompue entre les 2. La claque n’a bien sûr pas permis à la maman de se sentir soulagée ou apaisée. Au contraire, la situation est bien pire.

La mémoire traumatique

« On dirait ma vieille mère – Faut croire que c’est d’famille – Que c’est héréditaire – J’ai battu ma fille »

Malheureusement, notre cerveau est « fainéant » et d’autant plus lorsque nous sommes épuisés ou à bout. En cas de difficultés, il va alors résoudre le problème de la solution la plus facile à ses yeux. Dans une situation comme celle-ci, il va agir de façon automatique de la même façon qu’il l’a subi enfant. Il est plus facile de réagir automatiquement plutôt que de prendre le temps d’analyser la situation.

La réparation

« Demain au déjeuner – Je remplirai son bol – D’ses céréales sucrées – Celles dont elle raffole – J’y ajouterai des dattes – Pour que ses yeux pétillent – Comme avant que j’la batte – Ma fille« 

Pour déculpabiliser, la maman essaye de réparer son attitude en faisant plaisir à sa petite. Elle veut se racheter en lui prouvant son amour avec des petites attentions. Le geste est très éloigné, le lendemain, de l’acte de violence et n’est pas la solution la plus adaptée pour rétablir le contact et expliquer sa violence auprès de l’enfant.

Et comme un enfant qui aurait eu un comportement inapproprié, la première chose à faire est de s’excuser auprès de lui. Cela permet de ne pas banaliser l’acte de violence et bien de montrer que ce n’est pas une réponse appropriée. Si on n’explique pas à l’enfant, il aura tendance à reproduire la même chose lorsqu’il sera lui-même en colère.

La prise de conscience

Ce texte permet de mettre en évidence que tout le monde peut se sentir dépassé et en arriver à un acte qui va à l’encontre de sa volonté. La culpabilité est saine mais elle doit surtout nous aider à prendre conscience de notre comportement et éviter que cela se reproduise. On ne peut pas réécrire l’histoire mais on peut changer la situation dans l’avenir !

Il est important de ne pas rester dans cet état de mal-être, d’abord pour vous-même, mais aussi pour le parent que vous voulez être auprès de vos enfants.

Voici quelques pistes pour nous aider quand on se sent dépassé sur le moment… :

  • Appeler de l’aide : il existe un numéro GRATUIT proposé par SOS parentalité qui vous offre 15 minutes pour relâcher la pression – Plus d’informations par ici
  • Respirer : se concentrer sur sa respiration permet de retrouver un calme intérieur
  • Se taire : il est parfois préférable de rester silencieux le temps de retrouver ses esprits
  • S’isoler : toujours en s’assurant de laisser l’enfant en sécurité

… Mais aussi prendre soin de soi au quotidien pour éviter d’en arriver là :

  • Faire confiance : trouver une personne de confiance à qui laisser son enfant même pour un court instant et sans culpabiliser. Vous prendrez un peu plus de distance avec des conflits du quotidien.
  • Prendre du temps pour soi : méditer, faire du yoga, de la peinture… tout ce qui peut vous faire du bien et vous ressource !
  • Relâcher la pression : essayer de se concentrer sur les choses essentielles et laisser de côté le reste
  • Partager des moments de qualité avec vos enfants : câlins, sorties familiales… tout ce qui permettra de remplir vos réservoirs d’amour respectifs

N’hésitez pas à me laisser vos astuces en commentaires !

Prenez soin de vous et devenez le parent que vous voulez être !

Lynda LEMAY – J’ai battu ma fille
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