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Au cœur des émotions de l’enfant de Isabelle Filliozat : Résumé et avis

Paru en 2019, le livre « Au cœur des émotions de l’enfant » de Isabelle Filliozat est une référence dans le domaine de la parentalité. Je vous présenterai, à travers ce résumé, les principaux concepts qu’elle évoque pour mieux accompagner les émotions des enfants (la peur, la colère, la joie, l’amour…) mais aussi faire face à ses propres émotions.

Si vous ne la connaissez pas encore, Isabelle Filliozat est auteure d’une quarantaine de livres traduits en 28 langues, psychothérapeute et conférencière, c’est une figure phare de la parentalité positive en France.

Une première partie pour mieux comprendre les émotions

Qu’est-ce qui nous retient dans l’existence et peut nous empêcher d’être heureux ?
Qu’est-ce qui peut nous rendre infirme du cœur ?

La mémoire (souvent inconsciente) des souffrances d’enfant et les peurs qui en découlent (le jugement, le rejet, l’échec, l’autre, la mort…).

Parce que ce sont la peur, la souffrance et la colère rentrée, et non une tare constitutionnelle, qui peuvent empêcher une personne de se montrer telle qu’elle est et d’entrer en relation juste avec les autres, parce que c’est la peur ou la douleur qui inhibe et non un cerveau déficient, nous pouvons aider nos enfants en évitant de les blesser et en leur apprenant la confiance.

Dans la société actuelle, le succès passe par la confiance en soi, l’autonomie et l’aisance relationnelle. La maîtrise des émotions est au moins aussi importante que les compétences techniques.

Erreur : les tentatives des parents de taire les émotions de leurs enfants alors même que les émotions ont un sens, une intention. Ne pas oublier que les émotions sont guérissantes et, qu’au contraire, la répression des émotions est nocive.

2 postulats :

– les enfants expriment des besoins.
les parents peuvent comprendre leurs enfants : s’ils ne répondent pas à des principes éducatifs, s’ils ne se réfèrent pas en permanence à des experts, s’ils ne restent pas enfermés dans des schémas rigides issus de leur éducation ou s’ils ne restent pas trop blessés par leur propre histoire.


Faut-il se durcir pour affronter les épreuves ?

Les émotions justes nous rendent notre puissance. Celles déplacées, disproportionnées, excessives, substitutives, élastiques nous vulnérabilisent.
Etre puissant, ce n’est pas se montrer insensible, c’est montrer que l’on n’a pas peur de ses propres émotions en les vivant. Au contraire, taire ses émotions a des conséquences sur la vie d’adulte (échecs professionnels, mariages, erreurs-conflits, maladies).

Laisser l’enfant exprimer son émotion (pleurer, crier, trembler) : manière pour lui d’exprimer sa souffrance, libérer ses tensions, de se récupérer. Un bébé qui pleure exprime un besoin ou cherche à dire quelque chose.

Les questions à se poser pour mieux comprendre les émotions de son enfant

1ère question à se poser : quel est son vécu ? (qui pourrait expliquer bien des comportements)

2ème question : que dit-il par son comportement ou ses maladies, ses difficultés scolaires ?
Accepter, en tant que parents, de reconnaître ses erreurs, oser se mettre à côté de l’enfant, c’est lui montrer qu’il peut vous faire confiance.

3ème question : quel message ai-je envie de lui transmettre ?

4ème question : qu’est-ce qui me pousse à dire oui ou non à mes enfants ou à affirmer telle chose ?

ATTENTION aux jeux de pouvoir initiés par les parents pour de fausses bonnes raisons. Si nos émotions d’enfance restent refoulées (manque de câlins par exemple) : risque de ne pas percevoir la réalité des besoins de l’enfant.

5ème question : mes besoins sont-ils en compétition avec ceux de mes enfants ?

6ème question : se poser les questions de nos priorités : c’est mon enfant ou mon image perso, le matériel ou ma tranquillité perso ?
Un enfant a besoin de sentir qu’il est précieux, qu’il a sa place. Le plus important : ne jamais les blesser, leur mentir, les humilier, les trahir, les terroriser.

Reconnaître ses émotions, c’est construire la confiance en soi

Tant qu’on est soumis au jugement d’autrui, on ne peut se centrer sur les réels besoins de l’enfant. L’aptitude à gérer la frustration, à différer une satisfaction, à subordonner le présent à un futur, est un élément fondamental de la capacité au bonheur, tant elle est utile dans la vie pour réaliser ses projets et nourrir des relations aux autres harmonieuse.

La conscience de soi se construit au fur et à mesure des expériences et pour autant que les émotions soient entendues, approuvées et parlées.
Quand l’environnement nie systématiquement les sentiments, refuse d’entendre, ridiculise les émotions, l’enfant en arrive à penser que ce qu’il ressent, pense et fait n’est pas conforme à ce que ses parents attendent. Il en vient à dissimuler ses affects pour être conforme à l’attente des autres.

Si les parents refusent l’expression de sa colère, l’enfant la refoulera avec culpabilité et inquiétude. Pour accompagner son enfant, l’adulte doit pouvoir se mettre à la place de l’enfant, sentir ses sentiments sans les filtrer ou les interpréter. Il faut laisser la place à l’expression de l’émotion et que l’enfant puisse se libérer des tensions occasionnées par la blessure ou l’injustice.

Pour se permettre de ressentir et d’exprimer leurs émotions, les enfants ont besoin d’en avoir la permission parentale qui doit être verbale et non verbale (manifestée par des comportements concrets et assortie de protection).

Le cerveau de l’enfant est IMMATURE

Il ne peut se centrer sur autrui, secondariser ses émotions c’est-à-dire mettre des mots dessus et leur donner du sens. Le cerveau limbique ordonne peurs, rires ou larmes sans médiation.
L’enfant a besoin de l’adulte pour ne pas être envahi et débordé par ses affects, pour canaliser son énergie, pour apprendre à exprimer ses besoins.
Un enfant qui tape cherche à entrer en contact avec vous.

Le nourrisson n’a pas conscience de lui-même donc lui parler, le porter contre soi va le rassurer.
Face à un nouveau-né, il est nécessaire d’intervenir tout de suite.

Les enfants sont dans l’instant présent, ils ne savent pas que leur douleur passera, que la colère va se terminer d’où la nécessité d’avoir des parents solides lorsqu’ils traversent une émotion et ils ont besoin de les voir eux-mêmes traverser des émotions.

Pour un enfant plus grand, moins de précipitation par rapport au nourrisson, mais accueillir son émotion et la favoriser (« Pleure »). Demander ce qui se passe ou ce qu’il ressent mais bannir le « Pourquoi » : l’enfant n’est pas en état de réfléchir et la question peut être culpabilisante.

Développer l’écoute empathique : les aider à mieux exprimer leur ressenti pour qu’ils trouvent par eux-mêmes la solution. Ne pas interpréter avec nos propres émotions.

Les étapes de l’accompagnement émotionnel :

  • Par le regard. Etre présent dans notre attitude. Prendre l’enfant dans les bras.
  • Mettre des mots sur le ressenti.
  • Permettre à l’enfant d’aller jusqu’à sa résolution.
  • Quand la respiration est redevenue calme, place à la parole.

Les émotions de l’enfant sont légitimes

La jalousie

Permettre à l’enfant l’expression de sa jalousie (en évacuant la sienne par exemple). On peut réprouver l’attitude de l’enfant mais on doit l’assurer de notre amour inconditionnel.

La peur

Toutes les peurs sont à respecter et à accompagner. Ne jamais forcer, laisser le temps à l’enfant. Encourager, motiver, ne pas hésiter à évoquer ses propres peurs… cela rassurera l’enfant (il n’est pas « le seul », ni « anormal »). Les peurs utiles sont à respecter et à écouter : inutile de prendre des risques.
Les autres peurs, on peut les dépasser quand on l’a décidé soi-même et être très fier de soi après.

Peur de dormir : besoin de sécurité apportée par les parents >> Veilleuse.
Eviter la lecture des contes anciens qui mettent en images des fantasmes de l’inconscient, des images susceptibles de renforcer les angoisses. Lire des histoires d’aujourd’hui.

Peur des insectes, araignées, cave, cagibi sont souvent transmises par les adultes.

A propos de la timidité : les enfants ont besoin d’un temps d’observation. L’enfant a besoin d’aller vers l’autre de son propre chef, à son rythme, au moment où il le jugera opportun.

Peur de l’école, du prof, des notes, des élèves : cela peut venir de la réaction des parents face aux notes, de celle de l’enseignant (humiliation, paroles blessantes, dévalorisantes, ironie, menaces)
Ne pas laisser son enfant accumuler des sentiments d’injustice et d’impuissance.
Intervenir à l’école, retirer l’enfant de la classe voire de l’école. Aider l’enfant à se relaxer et à visualiser un petit film pour expulser les sentiments négatifs et l’aider à retrouver son intégrité.
Beaucoup d’éléments à l’école peuvent créer des peurs : être à l’écoute.

Se souvenir que les bleus de l’âme peuvent être plus graves que les bobos du corps.

En résumé, pour accompagner l’émotion « Peur » :

  • Respecter l’émotion,
  • Ecouter,
  • Accepter et comprendre,
  • Moi aussi. Dédramatiser,
  • Chercher ses ressources intérieures et extérieures,
  • L’aider à libérer son énergie (respirer, chanter, crier, rire),
  • Satisfaire le besoin d’information,
  • Faire élaborer différentes réponses possibles face à la peur.

Comment aider un enfant peureux ?

Elle vient souvent d’une surprotection parentale additionnée d’attitudes contradictoires (interdits, conseils de prévention excessifs et, à contrario, pousser l’enfant à agir).

  • Cessez de le juger peureux : il peut s’agir d’un enfant qui n’ose pas se mettre en colère,
  • Le mettre en confiance : activités à la mesure de ses possibilités, autorisez des voies d’expression de la colère, favorisez sa créativité, trouvez des activités, lieux, jeux où tout jugement, toute évaluation soit exclu,
  • Contact avec les grands animaux est souvent aidant,
  • Mesurez vos propres peurs et guérissez-les.

La colère

La colère est nécessaire et indispensable : elle sert à l’affirmation de soi. Elle vise à rétablir le lien et est constructive : elle est affirmation de soi face à l’autre, des limites à ne pas dépasser.
La violence accuse l’autre, tente de blesser, de détruire. Elle est en fait le résultat du refoulement de la colère.
Les parents ne doivent pas rentrer en compétition avec leur enfant : réprimer la colère de l’enfant sert à maintenir le couvercle sur leurs propres émotions d’enfant, sur leur enfant intérieur.
Toutes les colères sont à écouter ou à décoder. Toutes sont à respecter car toutes signalent un besoin.

En cas de colères nombreuses, excessives, gratuites, il s’agit :

  • d’une accumulation de tensions,
  • de l’expression d’une colère inconsciente ou non dite d’un parent,
  • d’une autre émotion (peur ou tristesse) camouflée sous des apparences de colère parce que l’expression de la véritable émotion est impossible ou interdite.

Vous pouvez y faire face :

  1. Laissez votre colère vous envahir physiquement,
  2. Identifiez la véritable cause de votre colère. Le comportement de l’enfant est juste le déclencheur.
  3. Informez vos enfants que vous êtes en colère contre… vous avez besoin de qq minutes d’isolement pour libérer votre colère.
  4. Si on est réellement en colère contre l’enfant suivre la structure d’une phrase type qui évoque nos besoins sans lancer d’accusations contre l’enfant :
    « Quand tu… (comportement précis de l’autre), je ressens… (mon émotion, mon sentiment) parce que je… (mon besoin) et je te demande de… (demande précise de comportement ici et maintenant qui permette de réparer la relation avec l’autre) de façon à ce que… (motivation pour l’autre) ».

La joie

Quand les enfants doivent prendre en charge les tristesses, les frustrations, les sentiments d’insatisfaction des parents, ils ne sont pas libres d’être heureux.

Rire est un réflexe de santé physique et psychique. Partager, sourire, rire, crier, s’exclamer, embrasser, prendre dans les bras expriment la joie.
Cherchons en nous-mêmes des sources de joie intérieures. Ne nous laissons pas enfermer dans la routine ou le sérieux. Un parent empli de joie intérieure la transmet à ses enfants.
C’est en augmentant le niveau de joie dans les familles et dans les écoles que l’on augmente le plaisir de vivre.


La tristesse

Est l’émotion qui accompagne une perte. Elle permet d’éliminer les toxines libérées par la peine. Les pleurs sont nécessaires au travail de réparation, les accueillir sans juger, sans conseiller, sans baisser les yeux.

Concernant les décès, les enfants sentent, savent. Inutile de cacher quoi que ce soit.

Dans tout deuil, il y a :

  • déni puis colère (à écouter et accueillir),
  • dépression (accompagner en permettant de pleurer, de parler),
  • acceptation de la perte,
  • un nouvel attachement devient possible.


La nostalgie

Est le travail de réparation quand on a perdu quelque chose, quelqu’un qui faisait partie de soi.

La dépression

Les principaux symptômes de la dépression chez l’enfant :

  • ne rit pas,
  • ne s’intéresse à rien, « Je ne sais pas quoi faire »,
  • s’ennuie,
  • on le dit « sage », presque trop sage,
  • est agité,
  • problèmes de sommeil, d’alimentation,
  • troubles du comportement,
  • besoin de stimulations violentes, d’adrénaline
  • échec scolaire,
  • désinvestissement des apprentissages scolaires ou surinvestissement,

Les séparations

La séparation à la naissance : toujours tenter de l’éviter, ne pas se victimiser en milieu hospitalier.
La séparation au moment du placement en crèche : entendre, écouter, ce qu’exprime l’enfant. Lui parler sans mentir sur le fait qu’on aime son travail.
La séparation du couple : ne pas mentir, leur annoncer suffisamment tôt pour les préparer. Il est préférable de se séparer qu’imposer aux enfants les disputes. Les enfants ressentent ce qui se passe même si les parents cachent la vérité.

Quelques astuces pour mieux appréhender la séparation :

  • Préparer l’enfant au départ suffisamment tôt. Lui apprendre la séparation.
  • Rester en contact pendant la séparation.
  • Importance des retrouvailles.
  • Préparer les premières ruptures affectives.
  • Ne pas exclure l’enfant des préparatifs du déménagement, au contraire.
  • L’arrivée d’un nouveau bébé : recevoir les émotions de celui (celle) qui est détrôné(e).

La douleur

L’accident, la maladie, la souffrance : l’enfant est seul à savoir ce qui lui fait mal, il a le droit d’exprimer sa douleur.

L’amour

Osez prononcer des mots doux.
Jouer avec les enfants c’est entrer le monde des enfants, naviguer avec eux dans l’imaginaire, les rencontrer sur leur terrain.
Guérir nos enfants blessés pour accéder à la capacité de jouer à des jeux simples d’enfant, nous donner la permission de lâcher le contrôle, prendre la liberté de rire, de se mouvoir dans l’imaginaire, de se rouler par terre.

Mon avis sur le livre

Ce livre a été une révélation pour moi sur mon rôle de maman et a marqué un changement radical sur ma vision de l’enfant. Je pense réellement qu’il devrait être offert à tous les jeunes parents. Il est très accessible en termes de lecture et toujours illustré avec des faits concrets qui permettent de se projeter dans les situations du quotidien. On ressort grandit de ce livre et avec des astuces pour mieux vivre notre parentalité.

Ce résumé a été écrit en grande partie par ma maman à qui j’ai partagé le livre. Ancienne enseignante, elle a eu le réflexe d’en faire un résumé des plus détaillés, je lui ai donc proposé de publier sur mon blog. Quoi de mieux qu’un blog sur la parentalité partagé avec sa propre mère ?! 😉

Laissez-nous votre avis sur le livre et partagez aussi vos lectures.

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